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Chronique #08 - Anomalisa

En se promenant de fictions en histoires, de film en film, il nous arrive parfois de tomber sur des œuvres particulières, spéciales. Des choses qui nous marquent plus que les autres, à coups de "heeeeein ?!!" Et de "Pourquoi ??!" Et de la fameuse pensée "Mais d'où sort cette idée ?!!". Ces réalisations décalées peuvent d'un côté passer inaperçues ou êtres rejetées, tout comme elle peuvent créer un vrai engouement. Mais le plus important, c'est qu'elles valent toujours le détour.

Anomalisa est un film d'animation destiné aux adultes, ce qui en fait déjà un concept à la fois assez original et plutôt audacieux selon moi (une prise de risque intéressante et admirable). Le film sensible et déprimant : il dépeint avec une très grande force la lassitude du personnage dans le rythme de film et l'écriture des autres personnages, aussi réalistes qu'intéressants. Le film pose plusieurs questions sur le sens de la vie, le succès, l'amour, le qui suis-je . On sent le personnage essayer de répondre à ses problèmes et se plonger dans son point de vue est aussi déroutant que dérangeant, ce que j'ai apprécié.

Le film dont on parle aujourd'hui s'appelle Anomalisa. Sorti en France le 3 février 2016, il a été réalisé par Charlie Kaufman et Duke Johnson et produit par Starburns Industries. Le film a été financé par kickstarter. Anomalisa était d'abord destiné à être le scénario d'une pièce de théâtre. La décision d'en faire un film en Stop-Motion n'est venue que plus tard.

Mais selon moi, la plus grande force du film réside dans sa réalisation et ses choix artistiques. L'idée d'utiliser le film d'animation plutôt que le film live, et plus encore la Stop Motion pour un film aussi réaliste est excellente : les scènes ennuyeuses ou banales sont d'autant plus renforcées par le fait que l'on a pas l'habitude de les voir traitées avec ce média. Il en est de même pour les scènes... intimes qui sont d'autant plus dérangeantes avec des personnages en figurines. 

Néanmoins, rien de m'a plus interpellé que le doublage : toutes les femmes, à l'exception de Lisa, sont doublées par des hommes. Un choix qui met vivement en avant le propos du film : des personnes se ressemblant toutes, une vie monotone, et la recherche de cette seule "étincelle" que l'on pourra apprécier, représentée par Lisa et sa voix. Le doublage et les lieux du film contribuent à créer une ambiance un peu glauque et une sensation de malaise qui renvoie au point de vue du personnage principal.

La technique utilisée est aussi assez spéciale : une stop-motion très réaliste pour laquelle on a utilisé des modèles réels, et des pièces imprimées en 3D. Les décors, quant à eux, ont tous été faits à la main. Les figurines sont d'autant plus étranges que les coutures ont été laissées visibles (entre le visage et la tête, entre le haut du visage et la mâchoire). Ce qui renforce encore la sensation bizarre et donne lieu à des scènes étonnantes où le personnage... essaie d'enlever sa mâchoire ! (J'ai adoré cette partie !). Anomalisa utilise aussi des techniques de manipulation de marionnettes selon des sources, mais pour être honnête, je ne m'en suis pas rendue compte à l'écran (désolée, j'ai encore des progrès à faire...).

La bande son est sympa, cohérente au film. La musique est assez peu présente mais très bien utilisée malgré tout, pour accentuer certaines parties. Dans la plupart des autres moments, une ambiance sonore assez réaliste sera utilisée.

En conclusion, Anomalisa est un film d'animation pour adultes, original, sensible, qui pousse à réfléchir. La "pâte artistique" du film est très spéciale et véhicule à merveille les propos de ce dernier. Je conseille le film à tous ceux qui voudraient voir un film d'animation mature et inhabituel !

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